Comment l’islam a-t-il donné naissance à une nouvelle civilisation  ?

Religion pratiquée par près du quart de la population mondiale, l’islam demeure pourtant assez peu connu, même par les musulmans croyants et pratiquants. Il semble que cette méconnaissance de l’islam est la source de cette hostilité empreinte de violence entre les différents courants de la religion. En effet, les croyants et fidèles sont, pour la plupart, endogmatisés dans leur foi, ce qui rend le dialogue difficile, tant au sein des courants de l’islam qu’avec d’autres religions. 

Pourtant, loin d’avoir uniquement apporté de nouveaux préceptes et pratiques religieux, l’islam a permis l’essor et le développement d’une nouvelle civilisation, prônant partage, tolérance et amour du prochain. De plus, l’histoire montre que la religion a apporté, en plus, une toute nouvelle manière de penser dans le monde arabe. L’histoire de la civilisation née de l’islam est intimement liée à son expansion.

Découvrez dans cet article l’influence de l’islam dans la création de la civilisation arabo-musulmane.

La naissance de l’islam  

La religion musulmane a été apportée par son prophète, entre 613 (année à laquelle l’ange Djibril est apparu au prophète) et 632 (année de la mort du prophète) après Jésus-Christ. Le prophète Mahomet (Muhammad) était à la fois un chef politique et un commerçant respecté avant de devenir le chef religieux de l’islam.

Considéré comme le messager d’Allah, il a prôné une réforme dans le judaïsme et le christianisme. De même, il s’est lancé dans la lutte contre les religions polythéistes et païennes. En effet, depuis que l’ange Djibril est apparu au prophète, ce dernier s’est investi de la mission de transmettre aux habitants de La Mecque les enseignements d’Allah, le Dieu unique.

Cette nouvelle croyance est en opposition avec les croyances polythéistes de chez lui. En conséquence, cette dynamique a naturellement fait de lui la cible de persécutions et d’hostilités dans sa propre ville natale, La Mecque. Accompagné de 70 fidèles, il quitte alors en 622 sa ville et trouve asile à Yathrib, actuelle Médine. Très sensibles au message du prophète, les habitants de Médine se rallient à sa cause. L’exil de Mahomet à Médine est appelé l’Hégire, et cet événement est considéré comme le début de l’islam

Le prophète Mahomet était profondément impliqué aussi bien dans la vie religieuse que dans la vie civile. Pour de nombreux problèmes concrets touchant au quotidien des nouveaux fidèles, il a eu une révélation divine sur les solutions permettant de les régler. C’est par la tradition orale qu’il a transmis à ses compagnons les différentes façons qui se sont révélées à lui pour régler les problèmes des fidèles.  

C’est ainsi qu’une grande partie du Livre Saint des musulmans traite de la vie civile et politique. De même, le Coran comporte dans ses sourates et versets des règles qu’il faut appliquer en temps de guerre, tant sur le plan économique que politique.

En d’autres termes, certains sourates et versets du Coran enseignent que la vie civile du musulman doit respecter les principes de la religion. Cette unicité entre le spirituel et le temporel est à l’origine de deux différents courants et manières de régir la communauté.

La première est la tradition longue qui fait la distinction entre le politique et le religieux. Démarquant la vie politique de l’espace religieux, elle accorde une prépondérance au palais sur la mosquée. La communauté religieuse est donc un titre honorifique et contribue à l’édiction d’un code moral

Le second courant est la tradition courte qui estime qu’en tant que réceptacle de la parole divine, le religieux, donc la mosquée, doit avoir plein pouvoir sur le politique. C’est dans ce courant que l’État est érigé en califat gouverné par un calife, chef religieux et politique qui dirige autant la mosquée que le palais.

Le califat islamique a, tout au long de l’histoire, prôné une philosophie de dynastie permettant au calife et à sa descendance de maintenir son pouvoir sur la communauté. On peut, par exemple, citer la dynastie ottomane ou omeyyade qui a été la première à régner sur les pays musulmans après la mort du prophète. Othman Ibn Affan, troisième calife de l’islam sous la dynastie des Omeyyades, est celui qui est à l’origine de la compilation du Coran.

Le califat, enfin, est à l’origine des courants islamiques qui sont toujours en cours d’influence dans les pays contemporains. Cela a permis la naissance d’une véritable civilisation islamique qui a apporté de nouvelles pratiques dans le monde arabe.

C’est durant le début de l’expansion de la religion musulmane, au-delà de la péninsule arabique, que la civilisation islamique a connu son âge d’or. Cette période commence dès l’an 800 jusqu’à l’an 1000. Il est caractérisé par une forte fécondité intellectuelle qui va marquer les esprits dans tous les domaines et durant des siècles.

Pour certains, la transmission des œuvres antiques accompagnée des travaux arabes est à l’origine du développement de l’Occident. En effet, le brassage de civilisations entre l’Empire byzantin et le califat ottoman et omeyyade a permis le brassage entre monastère et mosquée. Au cours de cette période, toute la communauté soumise recopie tradition et savoir de la péninsule arabique.

La naissance de la civilisation islamique

Après la mort du prophète et dès la fin du 7e siècle de notre ère, le sud et l’est de l’Empire byzantin, de tradition gréco-latine, étaient sous le contrôle arabe. Il en était de même pour la Perse, cité ayant une très ancienne culture et actuelle Iran.

À l’époque, le terme arabe était utilisé par les autres civilisations pour désigner les peuples de l’Arabie qui étaient considérés comme barbares et incultes. Dans ce contexte de conquête, les Arabes ont donc encadré les populations non arabes (chrétiennes, juives ou autres), possédant leurs propres pratiques et savoirs scientifiques, architecturaux et scientifiques. 

C’est peu à peu que ces civilisations soumises se sont progressivement arabisées tout en gardant leur savoir. Cette assimilation de la culture arabo-musulmane a été principalement faite pour des raisons fiscales et sociales, mais a donné naissance à ce que l’on appellera la civilisation islamique. Cette civilisation, à forte teinture perse et grecque, est notamment remarquée en médecine et en mathématiques.

L’expansion de la civilisation islamique durant le moyen-âge

Très rapidement, les populations musulmanes se sont étendues bien au-delà de la Perse et du sud et de l’est de l’Empire byzantin. Elles ont conquis le nord de l’Afrique, dont l’Égypte et l’ensemble du Maghreb. Cette rapide expansion s’est faite en dépit de la forte résistance des peuples berbères du nord de l’Afrique. Puis, les conquérants se sont rendus plus facilement en Espagne et ont même atteint la France. C’est à Poitiers que les troupes musulmanes ont été repoussées par Charles Martel en 732.

L’expansion du monde musulman s’est également faite en Orient où les musulmans ont converti les populations mongoles. Ces peuples convertis à l’islam, en l’occurrence les Turcs, ont finalement conquis Byzance en 1453 et ont soumis toute l’Europe centrale et les Balkans jusqu’à la hauteur de Vienne. D’autres se sont étendus beaucoup plus à l’Est pour conquérir le nord-ouest de l’Inde (actuel Pakistan), puis l’Asie centrale.

Mais l’expansion de la civilisation islamique ne s’est pas uniquement faite par les guerres et conquêtes. En effet, l’extrême orient étant hors de portée des troupes mongoles et arabes, les commerçants arabes ont effectué des missions de conversions des populations de ses contrées. C’est ainsi que le monde malais, dont principalement l’actuel Bangladesh, mais aussi l’Indonésie, les Philippines et une partie de la Chine ont été convertis à la religion musulmane.

Cette population représente actuellement près du tiers des musulmans d’aujourd’hui. La conversion de l’extrême orient est considérée par les historiens comme l’une des plus pacifiques que le monde a connues. En effet, dans les conquêtes de nouveaux territoires, les armées religieuses ont, pour la plupart du temps, eu recours à des croisades et des invasions.

La civilisation islamique de nos jours 

Aujourd’hui, l’islam, en tant que civilisation et religion, est marqué d’une certaine cacophonie qui entraîne une inquiétante réduction de sa pluralité connue à ses origines. Le déclin de la civilisation islamique entre plus dans le périmètre des problèmes structurels de développement des pays musulmans.

Les origines du déclin de la civilisation musulmane remontent au califat abbasside, avec l’accession au trône du dixième calife, Jafar al-Mutawakil. C’est le début d’un profond chiisme, tant au niveau du périmètre politique que celui des courants de pensée religieuse. En effet, ce calife prônant un intégrisme entre en guerre contre la libre pensée et le rationalisme

Plus tard, l’effacement de la pensée et la fragmentation politique ont été accentués avec la conversion des Mongoles et des Turcs à l’islam. Les positions hostiles à la raison et à la pensée ont été fortement accentuées par les travaux d’intellectuels tels que l’islamiste radical ibn-Tayymia.

Aujourd’hui, la civilisation islamique est beaucoup plus perçue d’un point de vue des islamistes intégristes qui prônent une foi radicale entrant dans le périmètre de la violence. Nous sommes très loin de la religion pacifiste et tolérante prêchée au début par le prophète qui a apporté un nouveau code pour les croyants en Allah. La mosquée, quant à elle, est considérée, dans la plupart des pays occidentaux, comme le terrain de recrutement de djihadistes, surtout ces derniers siècles où la menace terroriste est en cours.

Dans beaucoup de pays islamistes, la charia, la loi du Coran est appliquée avec beaucoup de rigueur, contrairement à d’autres, comme le nord de l’Afrique. Dans ces pays en effet, la mosquée est toujours le lieu saint de prière et d’exaltation des esprits comme aux origines. 

L’Égypte, par exemple, fait de la mosquée un lieu d’éducation où musulmans et musulmanes peuvent suivre, après la prière, une séance de prêche sur la parole de Dieu, comme aux origines en Arabie. Chaque séance est dirigée par un imam qui a une influence forte sur la communauté, mais est distinct et séparé du pouvoir politique.

Ces opinions avancées durant la séance sont donc détachées du périmètre politique. Dans beaucoup de pays modérés, le titre d’imam, bien que hautement important, ne permet à son titulaire que de discuter des aspects touchant au code religieux. Il contribue à l’enracinement de la civilisation islamique au sein de la communauté.         


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